Les 3 principaux facteurs environnementaux influençant l’émergence des maladies infectieuses
Depuis 1940, des centaines d’agents pathogènes microbiens ont soit émergé, soit ré-émergé dans de nouveaux territoires où ils n’avaient jamais été vus auparavant. Plus de 70 % des infections émergentes sont des zoonoses, c’est-à-dire les maladies et les infections qui peuvent être transmises de l'animal à l'homme de manière directe ou indirecte. Nous pouvons citer comme exemple le paludisme, la fièvre hémorragique à virus Ebola, maladie à COVID-19, et l’infection à l’Hantavirus qui tiennent tristement des places privilégiées parmi les maladies émergentes, en raison de la très forte mortalité qui leur est associée, et de l’attention médiatique qu’elles suscitent. Une série d’épidémies de COVID-19 de grande ampleur frappe actuellement le monde faisant environ 2000 morts par jour. Le Cameroun enregistre 88 cas d’infection et 1 décès à nos jours .Ces infections proviennent de l’organisme des animaux, notamment les animaux sauvages en grande partie, ainsi que des animaux de compagnie et du bétail. L’émergence de ces maladies nouvelles tient essentiellement aux modifications de l’environnement, imposées par l’homme, et aux changements dans son mode de vie et son comportement.
Les 3
principaux facteurs environnementaux influençant l’émergence des
maladies infectieuses
1. La
destruction de la biodiversité
La
plupart des microbes vivent de manière inoffensive dans le corps des animaux. Les
pertes de la biodiversité ont tendance à augmenter la transmission des agents
pathogènes.
Au Cameroun, dans la réserve forestière du Dja, désormais
classée par l'UNESCO comme "patrimoine mondial en péril", les arbres sont abattus sur 100.000 hectares
de forêts au profit de la culture de l'hévéa. Il ne fait aucun doute que tout ceci entraînera sur le
court, ou sur le long terme, des contacts auparavant peu courants entre des
pathogènes d'origine animales (dont l'habitat a été réduit considérablement) et
les populations des milieux affectés (pygmées précisément).
Ainsi, la destruction des écosystèmes entraine des
interactions homme-animal qui sont de plus en plus étroites causant des
infections. On peut y ajouter le commerce des animaux, la consommation de
viande de brousse (qui peut aussi être infectée), c’est l’une des hypothèses
sur les causes du COVID-19. La déforestation, cette
dernière favorisant le contact avec des organismes auparavant rarement
rencontrés.
2. changement climatique
Le changement
climatique provoqué par l’activité humaine modifie l’équilibre thermique de la
Terre et a de nombreuses conséquences sur l’homme et l’environnement (intensification
des précipitations, hausse des températures, hausse du niveau de la mer, recul
et fonte des glaciers, dégel du permafrost …)
Les changements
climatiques ou météorologiques agissent sur les habitats et les ressources en
nourriture et en eau, mais, également, sur les migrations d’animaux. Ces
phénomènes, en plus de la croissance de la population humaine, de son expansion
territoriale et de la colonisation des territoires des animaux sauvages, augmentent
les brassages entre des animaux sauvages infectés et des humains sensibles.
Dans le Nord et
l'extrême Nord Cameroun, zones peu drainées, les inondations courantes sont
aggravées par l'augmentation des épisodes de pluies diluviennes. Ces pluies,
désormais classés comme risques météorologiques majeurs des zones humides dans
le monde, ont causé en novembre 2019 dans les régions septentrionales du
Cameroun la disparition des villages entiers. La cohabitation prolongée avec
les plans d'eaux stagnants souillés a eu pour conséquence l'augmentation de la
mortalité infantile due au paludisme.
La destruction des habitats menace
d’extinction un grand nombre d’espèces sauvages, y compris les plantes
médicinales et les animaux dont nous avons toujours dépendu pour notre
pharmacopée. Elle oblige également les espèces sauvages qui s’accrochent, à
s’entasser dans des fragments plus petits de l’habitat restant, ce qui augmente
la probabilité qu’elles entrent en contacts intimes et répétés avec les
établissements humains qui s’étendent dans leurs habitats nouvellement
fragmentés. C’est le cas de l’infection à
l’hantavirus donc les contaminations humaines sont généralement dues à
l'inhalation de poussières souillées par l'urine, la salive ou les excréments
des porteurs sains animaux qui constituent leur réservoir. Elles se produisent
généralement au cours d'activités en forêt ou dans des locaux inhabités aux
abords des forêts.
C’est ce genre de contact répété et
intime qui permet aux microbes qui vivent dans le corps des animaux de passer dans le nôtre,
transformant des microbes animaux bénins en pathogènes humains mortels.
Voulez-vous en savoir plus sur
l’impact/les effets des microbes des animaux bénins sur l’espèce humaine?
Ne ratez pas notre prochain article sur « Comment
des microbes animaux bénins se sont transformés en pathogènes humains mortels
? »
Article rédigé par :
Elida YEMELI,
Spécialiste en environnement
Chargée de la promotion des solutions durables dans les communautés
Chargée de programmes chez CECOSDA
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